vendredi 3 novembre 2017

KICKSTARTER PROJECT UPDATE #31 (français)

FestiJazz de Conakry

6 juin 2014

Je  suis de retour à New York depuis quelques jours mais j'avais écris le texte suivant au sujet d'une intéressante aventure à Conakry. J'espère que ça vous plaira: 

Je ne sais pas si c'est parce que je suis chanceux en Guinée ou si c'est parce qu'étant un blanc avec un drôle de chapeau je ne passe pas inaperçu ou bien si le bon dieu m'aime mais en tout cas on s'intéresse à moi.

En retournant à la maison après la classe un monsieur m'a approché. Il est grand et mince dans la jeune cinquantaine, de teint foncé, il porte des lunettes et un petit chapeau genre Thelonious Monk et s'exprime très bien en français et en anglais. C'est un peul et il est évidemment artiste.

Il m'adresse poliment et me demande si je suis artiste, je réponds que si, je suis musicien, flûtiste. Il me demande si je vais jouer au FestiJazz de Conakry qui commence dans quelques jours. Quand je lui dis que ne n'y suis pas invité il me répond que ça pourrait se faire. Je lui réponds "d'accord," mais je n'y crois pas.

Il s'appelle Cheickou, il est décorateur et réalise les illustrations de la façade des "Copains d'abord," une boîte de nuit à proximité de mon logement.

De ce fait le lendemain, ma participation au festival est confirmée avec un cachet de 500,000 FG qui revient à approximativement 75 dollars, ce qui en Guinée n'est pas une somme négligeable, l'équivalent de deux mois de loyer pour une famille moyenne.J'avais promis de venir avec 2 musiciens (une cora et un bolon) mais je me suis ravisé et j'ai décidé de le faire en solo.

Quand je me suis pointé au très joli Hotel Independence situé au centre ville de Conakry dans la Cité Ministérielle avec mon cameraman Rasta Bakou et ma fille Gambalou le patron du festival M. Alfred ne m'a fait aucune difficulté et fut sympathique a tous les égards, il a donne des passes à tout le monde et ne m'a fait aucun reproche. La cour de l'hôtel est très jolie et contenait beaucoup de gens élégants. La scène élevée donnait sur une piste de danse ronde au bord une belle piscine éclairée de néons qui changeaient doucement de couleur, l'eau reflétait la scène et des palmiers s'élevaient sur un côté. De l'ensemble émanait un feeling tropical subtilement enivrant. La soirée était transmise en direct sur les ondes de la télévision Boulbinet.

J'avais eu peur toute la journée… est-ce que j'étais trop audacieux de me présenter en solo? est-ce que je n'allais pas me casser la gueule?

Les Amazones de Guinée m'ont précédé, elles sonnaient super bien avec un son guinéen classique: guitares électriques et une belle section cuivre (2 sax altos, trombone et trompette) à la vrai saveur locale, et je fus suivi de Woody, un groupe ivoirien qui fait un excellent Rock rivalisant les groupes américain. Leur leader est un guitariste de haut calibre et une légende de la musique africaine.

Les Amazones n'ont joué que trois morceaux. Je m'attendais à plus et j'ai entendu le MC m'appeler alors que j'étais en train de me mettre mon boubou dans les toilettes. J'ai couru sur la scène.

J'avais préparé le début qui consistait à prendre mon temps et chanter puissamment des phrases musulmanes telles que wa salam Aleikum, bissimila rahman rahim et allahamdoulilaye dans la flute (peut-être que certaine personnes vont trouver ça hypocrite car je ne suis pas musulman mais en Guinée du moins ces locutions sont considérés comme très bonnes à dire en toute circonstance même si on est pas musulman, ça fait plaisir, c'est tout) suivi d'un air traditionnel connu que je jouais à l'époque avec Kéba Cissoko. J'ai improvise la suite et j'ai fini avec "Tériya" (Isabeau s'y promène) de notre disque Fula Flute.

J'ai convaincu une illustre audience qui contenait non moins que le légendaire guitariste "Diamond Fingers" Sekou Bembeya, le Ministre de la Culture de Guinée, qui m'a gentiment serré la main en sortant ainsi que les ambassadeurs de la Côte d'Ivoire et du Sénégal. Les Amazones m'ont félicité ainsi que les musiciens de Woody.

Ce qui les épatent est que je leur envoie un vrai feeling de flute africaine et se demandent comment un blanc nord-américain peut-il toucher l'âme de leur musique? Je n'en ai aucune idée sauf que j'aime vraiment ça et que le son m'inspire.

Quand j'ai demande a Cheikou pourquoi il m'avait rendu ce service il m'a dit que c'était a cause de mon karma! Il est bouddhiste. Il m'a quand même réclamé 10% de mon cachet que je lui ai donné avec plaisir. Quand je l'ai remercié je lui ai dit que son propre karma s'était un peu amélioré.

II y a de la magie dans ce pays. Au fond malgré les inconvénients c'est ce qui me plaît ici.

Le lendemain, on a fait le concert des enfants et c'était encore mieux… mais ça sera pour la prochaine fois.

Bonjour et merci à tous les amis et supporters qui ont rendu possibles ces expériences.

Allahamdoulilaye, 
Sylvain


Moi, au FestiJazz de Conakry

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Mai 2017 Travel Report

Things are looking up May 31, 2017 Dear Friends, Last February, I visited our dear Ecole Fula Flute / Centre Tyabala in Conakry, Guine...