vendredi 3 novembre 2017

KICKSTARTER PROJECT UPDATE #20 (français)

Aventures avec Lama Sidibé

12 avr. 2014

Je marchais dans la rue à Taouyah, mon quartier à Conakry et DJ Papus de la station de radio "Nostalgie" m'a reconnu. J'étais précédemment passé à son émission. Il m'a derechef invité le soir même où je passerais en compagnie de Lama Sidibé, un des plus grands artiste de la Guinée. Après environ une seconde de réflexion, j'ai accepté.

À la station, pas de Lama Sidibé, je suis le seul invité pendant une heure. On écoute un peu de mon disque "Quatuor Créole" mais Papus a une faible tolérance pour les longues pièces de musique et l'enlève après environ vingt secondes. Il adresse son auditoire en Pulaar et nous échangeons des questions et réponses en français. Il me demande à plusieurs reprises de jouer de la flûte. Je l'entends souvent dire "porto" (blanc) et "tambin" (flûte). Des auditeurs appellent pour me féliciter et Papus annonce à plusieurs reprises que je serai l'invité de Lama Sidibé le samedi qui vient pour un grand concert au Belvedère, une importante boîte de nuit de Conakry. De plus il annonce que je serai de retour sur les ondes jeudi avec Lama tout cela sans m'en informer avant, ce qui était un peu déconcertant.

Après l'émission j'ai eu peur que Lama pense que c'était mon idée de dire ça, j'ai donc téléphoné à son manager (que je connais) pour m'expliquer. Aussitôt qu'il répond, il me dit combien ils sont tous contents de moi et me passe Lama qui exprime emphatiquement la même chose! Me voici donc programmé!

Jeudi, je me présente à la radio avec une minute de retard. Lama est au micro et l'émission est commencée. DJ Papus interviewe Lama qui réplique longuement sur le sujet du piratage de la musique en Guinée au grand dam de notre hôte qui ne semble pas aimer les sujets controversés. Pendant une pause, Lama me demande de lui jouer quelque chose de traditionnel. Je m'exécute et, après quelques phrases, il se met à m'accompagner de son puissant baryton puis disparait pour fumer une cigarette. De retour au studio nous faisons un duo voix et flûte en direct et ça passe très bien, les gens appellent et nous félicitent.

À la sortie du studio Lama offre de me raccompagner chez moi. Il est entouré de sa suite: un assistant, un chauffeur et une danseuse. Il me dit combien il est content de moi, il me dit que je joue très bien et que je connais bien la musique Mandingue mais pas vraiment la musique Peul et suggère que je m'approche de son flutiste principal pour apprendre l'authentique langage du Fouta, le coeur de la culture Peul de Guinée, j'accepte.

Nous faisons un crochet chez Lama où il me présente à sa famille et, à sa demande, je joue pour eux. Tout le monde, sa mère, sa femme et ses enfants m'écoutent avec attention et apprécient la musique. On nous sert un énorme plat de riz et mouton que je dois terminer au risque d'un incident diplomatique si je ne le fais pas ce qui n'est pas trop difficile car c'est très bon.

Le samedi, je me présente au Belvedère vers 15h. Après une longue attente pendant laquelle les technicien font la balance, je rencontre le flûtiste de Lama, un grand monsieur très gentil qui se nomme Saidougou Bah. Il examine mes flûtes et me dit qu'elles sont bonnes mais reste perplexe devant la flûte chromatique.

Pendant le concert je suis assis à ses côtés et j'attrape des phrases au vol et il me dicte parfois un accompagnement. Vers la fin, Lama me présente élogieusement au public et me demande de jouer quelque chose. Quand j'ai fini, on m'applaudit et tout le monde est content de moi. Après le concert le groupe déménage ses pénates dans un autre coin du Belvedère où nous continuons la soirée jusqu'à cinq heures du matin. Je dors pratiquement en jouant ce qui est pas mal cool mais la musique est électrisante et dynamique, Lama est d'une inépuisable énergie et le public l'adore.

J'ai rarement rencontré une personnalité aussi forte et positive que Lama Sidibé. Un vrai leader, un président. Il connait la musique à fond, ainsi que son histoire, ses artistes et la valeur de leur contributions respectives. Il apprécie beaucoup mon programme éducatif ainsi que mon jeu de flûte; à tel point qu'il m'a confié la formation d'un jeune flutiste, fils de feu Billy Billy, un grand flûtiste Peul. Voici donc que j'enseigne la flûte Peul à un Peul, un intéressant et encourageant retour des choses que je prends comme une confirmation de la justesse de mon parcours.

La Guinée est un pays pauvre, mais la Guinée est un pays riche.

Jarama bui!!! (merci beaucoup) à tous mes amis et supporters, sans vous tout ceci n'aurais pas eu lieu. Sylvain


Sur la scène avec les musiciens de Lama Sidibé

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